Howard Phillips LOVECRAFT

 

et autres poèmes fantastiques

CONTINUITÉ 

 

 

suite  

          Lovecraft écrivait à leur propos, dans une lettre adressée à Clark Ashton Smith : « Vous y trouverez ( .. ) la suggestion de scènes à demi oubliées, ou aon ne peut localiser.. Ces pseudo-souvenirs vagues et trompeurs m'ont toujours hantés depuis mon enfance... »

          Souvenirs de souvenirs ou de rêves lointains, remontant à l'enfance, Lovecraft et Randolph Carter ne font plus qu'un, partant à la recherche de Kadath, le Paradis Perdu ou le Bonheur enfui. C'est sans doute dans ses poèmes que Lovecraft se livre le plus : dans ses Fungi, comme dans ses autres poèmes, il parle à la première personne, décrivant Providence, sa ville natale, les vieilles maisons de la Nouvelle-Angleterre, le port, des ruelles. Ou bien il explicite la démarche de ses personnages et le processus de sa création fantastique. Dans les Fungi, c'est la découverte d'un livre « maudit », contenant un savoir interdit, une présence menaçante, la fuite, la révélation de l'horreur, ou l'invasion du cauchemar dans la vie réelle. Attirance indicible vers un Ailleurs, merveilleux ou terrifiant, fascination des abîmes du Dehors et des Etres Monstrueux qui l'habitent. Comme l'écrivait Van Herp, chaque sonnet est l'esquisse d'un conte. Et il suffit de quatorze vers à Lovecraft pour entraîner le lecteur dans un monde de cauchemars ou de merveilles à jamais perdues... sauf pour le rêveur ou le poète, ceux qui détiennent la clé d'argent !

          La démarche est identique dans les autres poèmes : le narrateur suit une « piste très ancienne » ou une « route aux ornières ». Une colline se dresse devant lui... quy a-t-il ensuite ? Il continue et rencontre Morreur. Ou bien Lovecraft contemple un village, une vallée, la mer. Il se souvient du passé heureux. Puis la Révélation surgit : le cauchemar et la mort fondent sur le monde. Tout n'était qu'illusion !

          Ces poèmes sont empreints d'un profond désespoir, d'un pessimisme noir et d'unenostalgie viscérale. Lovecraft recherche éperdument quelque chose à jamais perdu... son enfance peut-être, le bonheur qui lui a échappé pour toujours, une harmonie inaccessible.

Rares sont les instants de paix et de sérénité pour ce rêveur..

          Autre continuité... celle du style. Lovecraft ou le poète décadent, à la manière du dix-huitième siècle. August Derleth a rappelé les in ences poétiques de Lovecraft: Thomas Gray, James Thomson, Edwin Arlington Robinson et... Poe (qui séjourna à Providence). Phrases tourmentées, souvent alambiquées, mais aux images précieuses et rares, où chaque mot est soigneusement soupesé, mûrement pensé, placé à l'endroit juste, dont la sonorité joue sur le suivant, prolongeant et intensifiant « l'état de rêve ». Un rythme ample, majestueux et musical, un univers poétique de visions fantastiques. C'est pourquoi l'on ne s'étonnera guère de trouver des vers libres dans la traduction française. Il ne saurait être question de rimes (à l'exception d' Octobre et de Psychopompos), mais d'équivalences, pour restituer au mieux des sonorités et des images, ces trésors qui
Tranchent les liens de l'instant et me laissent libre de me dresser, seul face à l'éternité ».


          Le lecteur a enfin la joie de voir ces poèmes traduits et publiés en France... une entreprise un e, comme le lecteur passionné de Fantastique n'en avait 1 . jamais revée, ou l'abolition de la barrière entre nouvelles et poèmes, dans une même quête, à la poursuite du rêve et du fantastique. Ainsi il peaufine la connaissance de Lovecraft, le poète fou de
Providence. Le Sphinx n'en finit pas de mourir et de renaître... pour l'éternité.
         

Voici le premier volume de la série , Arkham »... suivront d'autres recueils de poèmes fantastiques, écrits par Robert E. Howard, Clark Ashton Smith, Ambrose Bierce, Walter de la Mare, Abraham Merritt, WÏlliam Hope Hodgson... autres décadents de génie, tout aussi inspirés, autres poètes vagabondant parmi les hautes terres du rêve

Les Fungi de Yuggoth et autres poèmes fantastiques sont l'une des réponses à quête

... A présent...


« C'est l'heure où les poètes frappés par la lune savent que les Fungi poussent sur Yuggoth ... »

François Truchaud Ville d'Avray 9 janvier 1986.

          

 
 
Note du Webmaster :

La présentation de Fungi de Yuggoth et autres poèmes est celle reprise du livre publiée par les Éditions NéO.

En hommage à P.J. OSWALD...

 
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