Howard Phillips LOVECRAFT

 

et autres poèmes fantastiques

 

PROVIDENCE

 

 

A l'endroit où la baie et la rivière mêlent leurs eaux harmonieusement,
Où s'étendent les coteaux boisés,
Les flèches de Providence se dressent
Vers les cieux antiques.

Dans les sentiers étroits et sinueux
Qui grimpent en haut des pentes et des crêtes,
On peut encore trouver
La magie tranquille des jours oubliés.

Le miroitement d'une imposte, le tintement d'un heurtoir,
La vision fugitive d'une vieille maison de brique,
Ce sont les images et les sons du passé
Où s'attarde le souvenir,

Une volée de marches à la rampe de fer,
Un beffroi élevé,
La flèche d'un clocher, pâle et délicatement ciselée,
Le muret d'un jardin couvert de mousse.

Un cimetière. caché, preuve
Du passage éphémère de l'homme,
Un quai pourrissant où des toits en pente
Font le guet, dominant la mer.

Une petite place et une promenade, dont les murs
Ont contemplé plus de quinze décennies,
Abrités dans un berceau de verdure, des chemins pavés
Et dédaignés par la foule.

Des ponts de pierre enjambant des ruisseaux languides,
Des maisons perchées sur la colline,
Et. des ruelles emplies de mystères et de rêves
Propices à la méditation.

Les degrés escarpés d'un passage enfoui parmi les plantes,
Où des fenêtres à petits carreaux brillent
Au crépuscule sur un morceau de champ
Laissé en contre-bas par hasard.

Providence, ma ville ! Quelles armées aériennes
Font encore tourner tes girouettes dorées
Quels vents ténus et quels fantômes gris
Peuplent toujours tes antiques allées

Les carillons du soir comme jadis
Au-dessus de ta vallée résonnent,
Et tes fondateurs sévères dans leurs tombes
Rendent bienheureux ton sol sacré.

H. P. Lovecraft Mai 1927

     

 

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