A PROPOS D'UN VILLAGE DE NOUVELLE-ANGLETERRE CONTEMPLÉ AU CLAIR DE LUNE

 

Le village sale et bruyant est endormi
L'obscurité et le silence cachent l'usine monstrueuse ;
Les chauves-souris mélancoliques montent la garde,
Et les bruits de la populace se sont tus.

Un vent amical, soufflant doucement de la mer,
Un bref instant purifie l'air vicié ;
Une lune amicale luisant faiblement parmi les arbres,
Masque les ravages accomplis par les années néfastes.

Les serfs étrangers sont soustraits à notre vue affligée ;
L'esprit torturé est soulagé de sa peine ;
L'âme de nos ancêtres règne à nouveau,
Et la Nouvelle-angleterre de jadis semble revivre

Un Rayon de lune tombant sur la place du village
Eclaire la fontaine et les pelouses désertes
Joue sur les baisses pourrissant là-bas,
Tout en occultant la triste décadence des lieux.

Cette chaumière rustique, au flanc de la colline,
Ressemble toujours a l'humble demeure d un pieux fermier ;
La bande sordide, qui l'occupe à présent,
Vautrée dans un profond sommeil, est enveloppée par la pénombre bienfaisante

Un rai furtif illumine la flèche dressée
Qui couronne le temple où priaient nos aïeux,
Mais, avec sagesse, la lu lumière ne monte pas plus haut
Et laisse dans l'ombre la croix papiste récemment érigée

Là où demeurait cette race, sous son autorité bénigne
Le village a prospéré, riche en vertu et en félicité
Le clair de lune s'attarde et brille près des ifs
Parmi les tertres et les pierres tombales.

Un cris d'espoir monte : que de nouveaux bienfaits émergent
Des peines qui se confondent avec les temps modernes !
Mais la contemplation pleure la fin de la Nouvelle-angleterre,
Et, drapée dans une toile grossière, entonne le chant funèbre de son pays.

H. P. Lovecraft 7 septembre 1913

      

 

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