Howard Phillips LOVECRAFT

 

et autres poèmes fantastiques

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           Les poèmes de Lovecraft tiennent une place à part, privilégiée, dans son oeuvre La poésie n'est-elle pas l'expression des rêves par excellence ? Et les poèmes de Lovecraft sont une continuité, un prolongement direct de ses nouvelles, la distance entre l'écrivain et sa création étant réduite au minimum,> L'univers est identique, la démarche similaire, de même que les cauchemars et les obsessions. Poèmes et nouvelles présentent les mêmes thèmes, et l'on passe des uns aux autres sans la moindre difficulté. De l'importance primordiale du rêve...

           Dans une lettre de 1936 adressée à Virgil Finlay, il rapportait avoir été tourmenté, à l'âge de six ou sept ans, par un cauchemar très particulier, où lui apparaissaient des créatures qu'il appelait les " Maigres Bêtes de la Nuit ", influencé sans doute par les illustrations du Paradis Perdu de Gustave Doré. Trente-quatre ans plus tard, il les choisissait comme thème pour l'un de ses Fungi.

           On sait que Lovecraft écrivit relativement peu de nouvelles fantastiques (en comparaison de la production prolifique d'un Howard, par exemple) au profit d'une correspondance que certains jugèrent excessive, mais, dès son plus jeune âge, il fut attiré par la poésie, écrivant des odes à l'honneur des dieux grecs ! Et c'est ainsi que, sur une période de trente-sept ans environ il écrivit plus de deux cents poèmes La plupart furent publiés dans des fanzines et des revues d'amateurs (The Tryout,The Vagrant Driftwind, 0-Wash-Ta-Nong, The Fantasy Fan, Phantagraph, etc.) et repris, principalement dans Weird Tales, à partir des années 30. Nous en avons retenu soixante-cinq, les plus représentatifs et les plus achevés, écartant ceux qui ne relevaient pas directement du Fantastique ou qui étaient plus anecdotiques (traitant des sujets les plus divers, il y a même des chansons à boire !). Beaucoup étaient écrits dans un style ampoulé, très dix-huitième, et parfaitement intraduisibles, d'autres enfin n'ayant jamais été réédités depuis leur première parution, étaient introuvables. Il est d'ailleurs significatif de constater que les poèmes retenus ont été pour la plupart écrits entre 1926 et 1934, c'est-à-dire durant la période des « grands textes » de HPL, de sa maturité.

           Quelques remarques préliminaires: A Pan, daté de 1902, fut écrit par Lovecraft à l'âge de douze ans. A propos d'un village de Nouvelle-Angleterre... choquera certains par ses relents de racisme et de xénophobie, ou Lovecraft égaré par son amour immodéré pour son pays et un passé à jamais enfui! La fiancée de la mer est le seul poème d'amour, tragique, écrit par Lovecraft sans doute à l'âge de vingt-six ans ; fait remarquable, c'est le seul poème où il y a deux personnages. Tous les autres poèmes nous présentent un seul personnage, perdu dans ses rêveries et ses contemplations, en un isolement glacé, Lovecraft lui-même bien évidemment.

           Ces poèmes peuvent se ranger en deux catégories : les poèmes, ou contes, fantastiques, et ceux où Lovecraft parle du passé de la Nouvelle-Angleterre, se souvient avec nostalgie d'un monde révolu, à la beauté disparue. Remarquons au passage la présence de la Nature dans ces poèmes : les saisons (Octobre, Primavera), le passage du Temps, le rappel d'autres hivers heureux, de l'enfance, bien souvent. Et, tout naturellement, les souvenirs entraînent Lovecraft vers un passé encore plus lointain, au-delà de sa propre vie, vers d'autres dimensions imaginaires, rêvées ou vécues, retrouvant ainsi le Fantastique. La boucle est bouclée...

           Les Fungi de Yuggoth forment la clé de voûte de ces soixante-cinq poèmes vénéneux et maléfiques, les « Fleurs du Mal » de Lovecraft. Ces trente-six poèmes ou visions poétique de l'auteur du Cauchemar d'Innsmouth furent écrits entre le 27 décembre 1929 et e 4 janvier 1930. En fait, à cette date, trente-trois sonnets seulement étaient. écrits, comme nous le rappelle Importunément Jacques Van Herp dans son étude Fantastique et Mythologie Modernes (qui contenait également la traduction des Fungi sous formes de contes et non de vers, publié par « Ides... et autres » en 1978 et réédité en 1985).

 

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  Note du Webmaster :

La présentation de Fungi de Yuggoth et autres poèmes est celle reprise du livre publiée par les Éditions NéO.

En hommage à P.J. OSWALD...

 
 
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