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Récemment, j'ai gravi une colline solitaire
Pour observer la fuite éperdue des nuages striés par la lune,
Leurs formes fantastiques roulaient et tournoyaient
Tels les djinns d'un monde spectral.
De légers cirrus occultaient le dôme argenté
Et ondoyaient, semblables à l'écume de l'océan,
Tandis que des formes plus sombres et plus denses
Fuyaient, chassées par un vent démoniaque.
Il me sembla que les vapeurs bouillonnantes prenaient
De temps à autre une apparence redoutable,
Comme si, parmi les brumes indistinctes,
Se mouvaient des silhouettes connues et sinistres.
De l'ouest vers l'est elles s'avançaient...
Un cortège moqueur qui bondissait et dansait,
Telles des Bacchantes se tenant par la main
En une file ininterrompue à travers les régions aériennes.
Des murmures ténus, à peine entendus,
La paix de mon esprit troublèrent,
Suscitant d'horribles pensées qui me poussèrent
A détourner les yeux de cette scène exécrable.
« Ces brumes s'enfuyant rapidement, » disaient les murmures,
« Sont les fantômes des espérances, déçues et mortes. »
H. P. Lovecraft
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