Dans la clairière obscure, sur un tapis de sable,
Ils dansaient tous les trois, hurlant comme des diables,
Maints cantiques démoniaques qui faisaient frissonner
Les herbes et les arbres et les champs et les blés.

Les douze coups de minuit venaient de résonner
Dans le proche village, sous un humble clocher.

Morbi Cadavanor
Nous venons de la mort,
Targam çavitrion
Chevaliers du démon.

Ces étranges refrains montaient dans la nuit noire,
D'incantations mystiques,
Derdemus Demonoir Souvent entremêlés.
Dans les hautes fougères,
Gisait, ô tache blanche, une étrange civière
Où baignait le cadavre d'une belle pauvrette.
Son corps vêtu d'un pagne brillait comme une étoile
Que la voûte azurée recouvrait d'un fin voile.
L'empreinte de la mort obscurcissait ses traits
En un masque sinistre, un masque de damné.

Puis un halo verdâtre enlumina son corps,
Venant de nulle part Ô caprice du sort!
Et les yeux de la morte doucement s'entrouvrirent,
Ses lèvres tremblotèrent puis ce fut un soupir,
Un soupir infernal, horrible sifflement
Se transformant bientôt en un grand hurlement.

Les trois danseurs cessèrent leur immense clameur
Disparaissant dans l'air en un frisson de peur,
Regagnant leur enfer où ils allaient rôtir.
Minuit avait avait sonné, C'était l'heure de partir.

Philippe Marlin