J'entends les cloches de cette tour imposante
Les cloches de l'époque de Yulé par une nuit tourmentée
Carillonner avec moquerie à cette heure lugubre
Sur un monde convulsé par la cupidité et la peur.
Leurs accents moelleux sur des myriades de toits résonnent
Un million d'âmes inquiètes les écoutent ;
Pourtant leur message tombe sur un sol de pierre...
Leur esprit transpercé par l'épée du Temps.
Pourquoi sonnent-elles, imitant les années heureuses
Lorsque le calme et la paix régnaient sur la plaine sereine ?
Pourquoi leurs accords familiers provoquent-ils les pleurs
De ceux qui, peut-être, ne connaîtront jamais plus le bonheur ?
Je vous connaissais bien jadis... il y a si longtemps...
Lorsque l'ancien village dormait à flanc de coteau
Alors vos notes résonnaient sur la neige éclairée par les étoiles
Dans la joie, la paix et l'espoir sempiternel.
Par l'imagination, je revois le modeste clocher
Les toits en pente, se découpant sombrement sur la lune ;
'Les fenêtres gothiques, brillant un feu
Qui donne de l'enchantement aux accents d'airain.
Adorable était chaque haie drapée de neige sous les rayons
Ajoutant de l'argent à l'argent de la vallée ;
Gracieux chaque chaumière, chaque sentier et tous les ruisseaux
Et réjoui l'esprit de l'air embaumé par les pins.
Les gens de la campagne professaient une foi naïve
En une humble félicité parmi les collines ils vivaient ;
Leurs cœurs étaient légers, leurs âmes honnêtes en repos,
Savourant les joies simples des mortels.
Mais sur ce paysage se répand une hideuse corruption ;
Une nuée blafarde recouvre la région ;
Des formes démoniaques et sombres flottent au-dessus des bois,
Et devant chaque porte se tiennent des ombres malveillantes.
Le Temps, ce sinistre bouffon, s'avance dans la prairie
Sous son pas le contentement se meurt.
Les cœurs qui étaient légers saignent d'une souffrance inconnue,
Et les âmes sans repos proclament son influence pernicieuse.
Conflits et changements fondent sur le monde chancelant
Chimères et pensées égarées assaillent le bon sens
La confusion sur une race sénile est lancée
Et le crime et la folie rôdent impunément.
J'entends les cloches... les cloches maudites qui se moquent
Et réveillent des souvenirs confus, obsédants et glacés
Elles tintent et résonnent par-delà un millier d'enfers...
Démons de la nuit.. pourquoi ne pouvez-vous pas vous taire ?