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" La Nuit du Dacoït "

 

Son pas se fit plus rapide, dans son ivresse, il trébucha sur les pavés humides. Sa main lui faisait mal, ses genoux étaient probablement écorchés. L’homme n’eut pas le loisir de s’attarder d’avantage sur sa condition. Une masse sombre sauta sur son dos, sa tête fut brutalement tirée en arrière, une sensation de brûlure, un craquement. Andy bascula dans de noires abysses.

Ashton m’avait écrit, voilà une semaine, me demandant de quitter Londres au plus vite. Je me rendis donc à Providence où mon ami avait la charge de Maire. J’eus devant moi un homme brisé, l’assassinat de son fils, Andrew, l’avait prématurément usé. Le jeune garçon était sorti fort tardivement célébrant son engagement d’officier de la Royal Navy. Hélas! On l’avait retrouvé le lendemain le cou bizarrement cisaillé, la nuque brisée. Devant l’impuissance du Sergent de ville, Ashton avait mis ses derniers espoirs en moi. Watson m’ayant rejoint par le premier train, nous nous rendîmes chez le Docteur Ashbless, où le corps avait été conservé, un homme entre deux âges, les tempes grisonnantes.

Mis à part les légères contusions, dues à la chute, de fines particules d’acier avaient pénétré dans la gorge d’un cou profondément strié. Le plus surprenant c’était la manière dont la nuque avait été brisée!

- Le terme " brisée " était d’ailleurs impropre remarqua Watson,

- déplacée serait plus juste enchaîna aussitôt Ashbless.

Nous nous quittions quelques heures plus tard. Le corps et ses lésions avaient été riches en enseignements autant les lieux du crime étaient décevants : les pluies froides de Février effaçaient tout indice probant.

 

Une odeur étrangement familière : Watson et moi marchions le long d’étroites ruelles, un épais brouillard venait de se lever. Je regardais distraitement les commerces; de petites boutiques aux étals pimpantes, des odeurs d’épices, de pain chaud, de café. Le morbide avait fait irruption dans cette agréable atmosphère provinciale, corruption du paisible par l’innommable... Je m’arrêtais devant une blanchisserie, là, d’impeccables robes et costumes : Wong Laï Tsé - TRAVAIL SOIGNE.

 

Nous réprimes notre marche vers la demeure d’Ashton; c’était un manoir de style gothique, flèche pointée vers les cieux, tel un doigt accusateur; il nous attendait sur le perron, flanqué de deux cerbères aux yeux pourpres. Les molosses nous laissèrent pénétrer dans le salon, puis allèrent se coucher près de l’âtre, mélancoliques.

- Les chiens d’Andrew, nous glissa Ashton, je doute qu’ils ne survivent longtemps à leur maître.

Notre hôte nous présenta une vieille bouteille d’absinthe. La liqueur émeraude dissipa les angoisses qui avaient été les nôtres. Le souper fut servi sans cérémonial. Veuf depuis un certain temps, Ashton avait véritablement tout perdu. Je répugnais à converser de l’affaire, car elle touchait de plein fouet.

- C’est loin d’être un meurtre classique. Ashton rompit le silence. cela a toujours été un homme énergique; sa lucidité lui commandait l’action.

- Je propose, sans attendre la prochaine victime, de surveiller les ruelles, pour y surprendre l’assassin.

J’avais cru déceler une colère mal contrôlée. Au lieu de cela Watson et moi fûmes abasourdi par la froideur et le ton calculateur de sa voix. Le décès de son fils lui avait ôté toute passion, souvent génératrice d’erreurs.

Ashton avait promis à Holmes d’attendre la nuit suivante...

Dès les premières heures de la matinée, Sherlock Holmes télégraphia au Colonel Appleby, dont l’expérience pourrait nous être utile. Holmes semblait dans l’expectative, plus impénétrable que jamais. Vers quatre heures de l’après-midi un câble d’Appleby nous parvint. Les yeux d’Holmes s’illuminèrent, pétillants de malice.

- Per Jovem, s’écria-t-il, enfin quelque chose de plus consistant!

Trois heures plus tard, nous prîmes une solide collation, en prévision d’une longue attente. Ashton avait doté chacun d’un pistolet et d’une canne épée décisive dans les durs combats de rue. La fraîcheur des ténèbres se précisait...

L’apparition de la lune me procura un sentiment de malaise. Nous nous étions postés dans le périmètre approximatif du trépas d’Andrew. Les pavés luisaient d’une humidité malsaine, les vénérables maisons de pierre exhalaient une odeur de moisi étrangère au jour.

Cet instant d’éternité fut rompu par un sinistre claquement. Je levais la tête, une forme ligneuse et décharnée sautait de toit en toit, drapée d’une ample cape noire. L’homme était d’une agilité surprenante. Holmes l’interpella d’un cri de défi.

L’effet fut foudroyant, la Cape bondit sur lui telle un rapace. Sherlock lui échappa d’une feinte digne d’un acrobate. De la Cape on ne distinguait que les prunelles sauvages, un large chapeau occultait sa face. Ashton se tenait en retrait, l’arme au poing. Nous ne pouvions viser l’assassin sans toucher Holmes.

L’être vêtu de noir laissa apparaître une longue dague qui aussitôt siffla au visage du détective. Il sentit une vive brûlure sur sa joue.

Chacun des deux antagonistes s’évaluait du regard, la tension était à son apogée. Le combat avait, par sa vitesse, un charme hypnotique. La Cape décrivit un large moulinet de sa lame. Sherlock Holmes fit sauter la dague d’un coup de Savate; puis parla d’une voix gutturale dont nous ne pûmes saisir le sens. Un son strident fut poussé par le tueur. Il sortit d’entre ses mains une cordelette d’acier et chercha le corps à corps. Ashton réagit d’instinct, lançant sa canne épée à Holmes. La botte portée par notre détective embrocha l’homme qui s’écroula tel un pantin désarticulé.

 

Le couvre-chef roula, abandonnant sont maître, nous dévoilant une tête ivoirine. C’était un homme d’origine chinoise, le crâne rasé, les pommettes saillantes, la mâchoire volontaire et d’étranges yeux d’ambre. Ashton n’en revint pas.

- Laï-Tsé le blanchisseur ?!!!

Et Sherlock Holmes de s’écrier :

- Et bien Watson ? Comprenez ! Ce n’était pas certain. Je repensais à la façon de tuer, mais ce fut le passage devant son échoppe, la légère, et cependant persistante odeur d’opium... ainsi que cette connaissance des faiblesses du corps humain.

Et ce fut la lumière, les Dacoïts sont passés experts dans la manière d’occire! Le télégramme pour ce cher Appleby! Ancien agent de l'intelligence Service, chargé de la lutte contre les triades Chinoises. Celles-ci voulaient détruire l’empire britannique; envoyant l’opium ainsi que les Dacoïts, infâmes tueurs, chargés de sa diffusion. Les misérables avaient choisi Providence, petite ville côtière sans surveillance douanière... Revenant tard dans la nuit, Andrew avait surpris la coupable livraison. Pour Sherlock Holmes, la lutte contre les triades, mafia hideuse et tentaculaire, ne faisait que commencer...

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